L’article What Do Editors Need To Know Now?, publié par Lana Okerlund dans L’Hebdomadaire des réviseurs, il y a quelques semaines, m’a beaucoup fait réfléchir.
Elle mettait en mots ce que j’ai l’intuition qui se passe dans l’univers de la révision depuis quelque temps déjà. C’est-à-dire que la révolution technologique engendrée par l’accessibilité accrue au Web, l’avènement des nombreux nouveaux médias sociaux et la mobilité galopante chamboule radicalement et continuellement le processus traditionnel de révision et de publication d’ouvrages ou de textes.
Ainsi, dans le domaine de l’édition, est-on passé du tout papier au tout numérique en moins de trente ans. Un document imprimé prenait jadis plusieurs années à voir le jour, alors que cette même publication s’effectue aujourd’hui en quelques mois, voire en quelques semaines (et en français, c’est toujours pour hier, n’importe comment…). Alors on peut imaginer les bouchées que les réviseurs doivent prendre pour maintenir la qualité des textes tout en répondant aux exigences de la publication assistée par ordinateur (PAO) et à la frénésie qui s’est emparée de chacun dans la course à la publication en ligne!
Sous la poussée de cette évolution, la révision est elle-même passée du tout papier, une technique connue pratiquement immuable et appliquée par de réels artisans, au tout numérique, se moulant pas à pas aux nouvelles technologies qui font leur apparition et sont en mouvance perpétuelle.
Ainsi est-on passé de la révision sur support physique individuel — attaché à un bureau (avant les années 1980) — tel que :
- le papier;
- modèle de publication papier
> rédaction (papier) > révision du manuscrit (papier) > mise en pages (photocompositeur-sortie papier) > révision/correction des jeux d’épreuves (papier) > insertion des corrections (photocompositeur-sortie papier) > bleus > révision/correction des bleus (papier) > production du film (photocompositeur) > impression > approbation > mise en marché de l’ouvrage
- modèle de publication papier
à celle sur support numérique individuel — toujours attaché à un bureau (vers le milieu des années 1980) — tel que :
- la disquette molle (le dinosaure du numérique),
- la disquette rigide;
- modèle de publication au début du numérique
> rédaction (ordinateur-traitement de texte-transfert par disquette) > révision du manuscrit (ordinateur-traitement de texte [.doc]-transfert par disquette) > mise en pages (graphiste-ordinateur [PAO]-sortie papier) > révision/correction des jeux d’épreuves (papier) > insertion des corrections (graphiste-ordinateur-sortie papier) > bleus > révision/correction des bleus (papier) > film > impression > approbation > mise en marché de l’ouvrage
- modèle de publication au début du numérique
à celle sur support numérique communautaire — toujours rattaché au bureau, mais accessible aux personnes qui partagent votre « circuit » (vers les années 2000) — tel que :
- le courriel,
- le réseau intranet,
- le réseau Internet;
- modèle de publication au fil du numérique
> rédaction (ordinateur-traitement de texte-courriel) > révision/correction du manuscrit (ordinateur-traitement de texte-courriel) > mise en pages (graphiste-ordinateur [PAO]-sortie PDF-courriel) > révision/correction des jeux d’épreuves (ordinateur [PDF]-courriel) > insertion des corrections (graphiste-ordinateur) > finalisation du fichier PDF pour transmission électronique à l’impression (ordinateur-courriel) > impression papier > approbation > mise en marché > et publication sur Internet sous forme de page Web en .html ou de fichier .pdf
- modèle de publication au fil du numérique
à celle sur support virtuel (peut-on vraiment parler de support? puisqu’il n’y a plus rien « qui tienne ») planétaire communautaire ou individuel — c’est désormais votre bureau qui vous suit, accessible de partout (on y vient à grands pas) —, tel que :
- le nuage informatique (stockage de données de grande capacité proposé par les gros joueurs du numérique).
- modèle de publication tout numérique (aujourd’hui)
> rédaction (ordinateur-traitement de texte-courriel) > révision du manuscrit (ordinateur-traitement de texte [.doc, .txt]-courriel) > mise en pages (graphiste [PAO]-sortie PDF-courriel) > révision/correction des jeux d’épreuves (ordinateur [PDF]-courriel) > insertion des corrections (graphiste-ordinateur) > finalisation du fichier et sauvegarde en divers formats numériques — .pdf (impression papier et Web), .html (Web), .xhtml (livres électroniques), .css (accompagnant les fichiers .html et .epub) — (graphiste-ordinateur-courriel) > besoins émergents en révision/correction de textes (métadonnées, mots clés, catégories, descriptions, légendes, index-logiciels éditeurs/codeurs de textes-fichiers .txt, .html, xhtml, .css [et autres?]) > mise en marché/orbite/nuage (impression papier | site ou page Web | livre numérique et j’en oublie probablement)
- modèle de publication tout numérique (aujourd’hui)
On le voit, la race des réviseurs-artisans travaillant sur papier a lentement muté vers celle des réviseurs-techniciens travaillant sur ordinateur dans un univers totalement informatisé en constante évolution technologique et mobile. Ils doivent sans cesse acquérir de nouvelles compétences (surtout informatiques) afin de suivre le cortège du numérique sous toutes ses formes et tous azimuts sous peine d’être déclassés.
Et tout cela, dans un contexte frénétique d’autant plus infernal qu’on se trouve en français langue d’arrivée.
Le présent article n’a pas la prétention de présenter la situation de manière exhaustive. Aussi, si vous êtes en mesure d’y apporter des précisions ou un autre éclairage, vos commentaires sont les bienvenus.
Très intéressant pour tous les réviseurs désirant améliorer leurs compétences en matière de révision en ligne, pour le Web ou le livre électronique :
La typographie du Web
La page de l’Office québécois de la langue française sur la typographie
À propos
d’édition électronique
d’extensions de fichiers
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