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Dominique Fortier

Une difficulté grammaticale expliquée

renflouage_refloating-irving-whale-halifax-1996. Poster design by Todd V. Yeadon. The original photo coming from this site, link no more available: http://www.ns.ec.gc.ca/whale2/captures/index_f.html

Le naufrage « du Irving Whale » ou « de l’Irving Whale »?

enflouage_refloating-irving-whale-halifax-1996. Posert design by Todd V. Yeadon. The original photo coming from this site, liink no more available: http://www.ns.ec.gc.ca/whale2/captures/index_f.html
Le français est plein d’exceptions qui confirment les règles, c’est bien connu. À l’école, on a appris les règles de grammaire élémentaire et, en principe, les particularités (exceptions) qui les caractérisent. Toutefois, pour différentes raisons, certaines nous ont échappé. C’est le cas des déterminants définis (anciennement articles définis), élidés et contractés, qui comportent leur lot de difficultés et qui constituent autant de pièges à éviter lorsqu’on rédige ou révise un texte.

Voici un exemple, tiré du journal, qui nous aidera à mieux cerner le problème et à ne pas commettre l’erreur :

Photo montrant une erreur de grammaire imprimée dans un journal : «le naufrage du Irving Whale» et manière de corriger cette erreur.

La première étape consiste à repérer ce qui nous semble clocher (la source du questionnement) : ici, le du de Irving Whale, qu’il faudrait remplacer par de l’.
– Le naufrage de l’Irving Whale (et non : du Irving Whale).

Voyons pourquoi :
1- D’abord, on est en présence du déterminant défini le qui se place devant le nom [bateau/pétrolier] (sous-entendu [qu’on appelle « référent »], dont il prend le genre masculin et le nombre singulier) Irving Whale qu’il détermine.

2- Ensuite, le déterminant défini le s’élide (élider = remplacer la voyelle par une apostrophe) lorsqu’il est placé devant une voyelle ou un h muet. Il devient alors déterminant défini l’. – L’Irving Whale a coulé dans le golfe du Saint-Laurent (et non : le Irving Whale).

3- Maintenant, devant un nom masculin singulier commençant par une consonne ou un h aspiré, le déterminant défini le précédé de la préposition de (de + le) prend la forme contractée du :
– Les hydrocarbures se trouvant dans la cale du bateau/pétrolier Irving Whale (et non : de le bateau/pétrolier).

4- Un Si qu’il vaut la peine d’examiner :

articles-definis-la-ou-l-precedes-des-prepositions-à-et-de-ne-se-contractent-pas-source: http://www.aidenet.eu

Le problème vient du mauvais usage du déterminant contracté du. On aura pensé : « Comme “le naufrage de le Irving Whale” ne se dit pas, il faut dire “du Irving Whale” » (en référence à bateau/pétrolier sous-entendu, donc contraction de de le en du). Et, difficulté supplémentaire, il est facile de confondre le déterminant contracté du (du bateau et non : de le bateau) et le déterminant partitif (qu’on ne peut pas compter) du (du pain et non : de le pain). D’où la tendance à avoir recours au du.

Et c’est là que réside le piège, car contrairement au de + le qui se contracte en du, le  de + l’ ne se contracte pas. D’où « le naufrage de l’Irving Whale » (et non : du Irving Whale).

La même règle s’applique dans le cas du pétrolier Exxon Valdez, qui a aussi causé un désastre environnemental majeur, cette fois sur les côtes de l’Alaska. On dira donc : « le naufrage de l’Exxon Valdez » (et non : du Exxon Valdez).

Vous est-il arrivé de vous poser des questions du même genre et de piocher pour « confirmer votre sentiment » qu’il y avait là une faute à corriger?


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2 Comments on “Une difficulté grammaticale expliquée”

  • Virginia Durksen

    says:

    Thanks for your post, Dominique. I’m really enjoying the opportunity to learn about specific challenges editors face in French. And, it’s a good way to maintain my French reading skills. The first three sentences of your post could as easily be the introduction to a post about English grammar. Exceptions are where we earn our keep.

    • Merci pour ton commentaire, Virginia. C’est vrai que la révision/correction de textes est semée d’embûches (les exceptions en sont). Et on voit bien, en lisant les journaux ou en furetant sur le Web, que les réviseurs peuvent rendre de grands services sur le plan de la qualité des textes. Ça rend les sources plus crédibles.

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