Le mot le dit : des hypocrites, des spécialistes de l’esbroufe, des faux jetons. Ils font partie de notre paysage quotidien, nous collent aux baskets, nous jettent de la poudre aux yeux. Ils nous sourient, toujours prêts à nous aider, toujours disponibles. Ils ont l’air vrais, sincères, mais ce n’est que façade. En réalité, ils sont bien contents lorsque, à leur contact, la langue ou le crayon nous fourche et qu’on tombe dans le piège. Ils nous font dire ou écrire des bêtises. Des ratés sympathiques qui se trouvent « ben fins », je vous dis. Et dans un pays ou le bilinguisme est de rigueur, ils sont légion.
Les faux amis font partie de la catégorie des anglicismes (anglicismes sémantiques). Ce sont des mots qui présentent une ressemblance de forme avec des mots français sans avoir le même sens. Ils trompent souvent les usagers du français, mais également ceux de l’anglais, dans l’autre sens (voir à ce sujet l’article de Jacqueline Dinsmore intitulé La révision dans un pays bilingue).
Les politiques adorent les faux amis. Ils y ont recours à qui mieux mieux. Ainsi sont-ils les premiers à identifier les problèmes que comporte un dossier sensible, et à les adresser, alors qu’ils devraient plutôt déceler ou mettre le doigt sur ou cerner les problèmes que comporte un dossier épineux ou délicat, et s’en occuper. Normal, c’est à leur agenda, autrement dit leur programme. Et par-dessus le marché, ils sont toujours très confiants qu’assistés de leurs aviseurs, ils vont réussir à les régler, ces « saprés » problèmes. En réalité, ils veulent dire qu’ils sont certains ou convaincus, ou qu’ils ont bon espoir, à l’aide de leurs conseillers, de pouvoir régler les dits « saprés » problèmes. On voit que le français est riche en équivalents corrects pour remplacer certains de ces anglicismes.
Le monde de l’administration, de l’économie et du commerce n’est pas en reste. Que dire des personnes, des organismes ou des entreprises qui comptent bien employer des mesures drastiques (une médecine de cheval, qui va faire c… à coup sûr!) pour redresser la situation du marché domestique (citoyens et citoyennes, protégez votre foyer de la gastro!) canadien. Cela purgerait moins les malades si l’on prenait des mesures draconiennes ou énergiques ou rigoureuses ou encore contraignantes pour redresser la situation du marché intérieur du pays. Et le bouquet, c’est que, si vous n’êtes pas confortable avec cette action, vous devrez vous adresser au Secrétariat du commerce domestique (oups! intérieur). En fait, l’idée, c’est que si cette mesure vous pose problème, c’est au Secrétariat du commerce intérieur qu’il faut vous adresser.
Il existe des dizaines de ces anglicismes de sens, insidieux et trompeurs, dans notre univers bilingue, et certains sont particulièrement difficiles à identifier (repérer, déceler, détecter, découvrir, trouver, relever, cerner, reconnaître). En avez-vous déjà laissé passer?
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